L’industrie des télécoms a-t-elle influencé l’étude Mobi-kids ?

Chers amis,

On parle de conflits d’intérêts à la pelle…

Entre 2009 et 2013, la Commission Européenne a financé l’étude Mobi-Kids. Le but est d’évaluer objectivement l’effet des téléphones mobiles sur nos enfants [source].

Excellente initiative puisque nos enfants appartiennent à la première génération qui grandit au milieu des smartphones et d’un brouillard électromagnétique dense (3G, 4G, Wi-Fi, DECT, et maintenant 5G…).

Mais voilà… Il y a quelques mois, nous avons découvert qu’un expert ayant travaillé sur l’étude Mobi-Kids avait un conflit d’intérêt non-déclaré avec l’industrie télécom.

Quelques semaines plus tard, nous avons découvert un second expert Mobi-Kids concerné par un conflit d’intérêt.

Puis un troisième expert.

Et un quatrième !

Décidément…

À l’heure où je vous écris, nous avons recensé dix conflits d’intérêts pour cette étude [source]… C’est affligeant.

Et là, cher lecteur, je vous vois venir, complotiste que vous êtes… vous allez me dire :

“Laissez-moi deviner, Greg… l’étude Mobi-Kids a conclu que les téléphones portables ne présentent aucun danger pour les enfants, n’est-ce pas ?”

Mais, oui, précisément, comment l’avez-vous deviné ?

Objectif et méthode de l’étude

Mobi-Kids enquête sur l’impact du téléphone mobile sur le risque de tumeur au cerveau pour les jeunes.

La méthode utilisée était de sélectionner 1000 jeunes atteints de tumeur au cerveau et de les comparer à un groupe contrôle de 1000 jeunes sans tumeur au cerveau (en l'occurrence, ils ont choisi parmi les patients à l’hôpital, des jeunes opérés de l'appendicite).

Parce que le nombre de jeunes atteints de tumeur au cerveau n’est pas si grand que ça (et heureusement), les chercheurs sont allés chercher les jeunes malades dans 14 pays (y compris en dehors de l’Europe : Australie, Autriche, Canada, France, Allemagne, Grèce, Inde, Israël, Italie, Japon, Corée, Pays-Bas, Nouvelle Zélande, Espagne.

Il a donc fallu recruter des équipes d’experts dans chacun de ces pays pour récolter les données, et ceci a multiplié les sources de conflits d’intérêts.

Voici les données récoltées par les chercheurs :

  • Dossier médical (caractéristiques de la tumeur, position, autres diagnostics antérieurs) ;
  • Questionnaire face à face avec les patients pour évaluer leur rapport aux téléphones portables et autres sources de rayonnement électromagnétiques (Wi-Fi, plaques à induction, etc.) ;
  • Questionnaire pour les parents concernant l’exposition aux ondes de l’enfant pendant la grossesse, et sa petite enfance ;
  • Utilisation du téléphone mobile :

C’est remarquable que les chercheurs aient cherché à récolter tant de données.

Néanmoins, leurs tentatives se heurtent à de sérieux problèmes de conception de l’étude :

  • Nombre faible de participants, d’autant que seuls 25 % ont ouvert l’accès à leurs anciennes factures télécoms ;
  • Excluant les participants qui ne se souvenaient pas “bien” de leur utilisation du téléphone ;
  • On mentionne le Wi-Fi du smartphone, mais pas le Wi-Fi de l’ordinateur, tablettes et autres appareils qu’utilisent certainement les enfants ;
  • Malgré la faible taille de la cohorte (3000 personnes), les auteurs ont fortement “nettoyé” les données, en éliminant de nombreux cas jugés problématiques [voir le détail ici]. Au-delà du manque de transparence et du risque de manipulation de données, ces nombreuses exclusions rendent les résultats plus incertains (la marge d’erreur augmente);
  • C’est d’autant plus dommage que Mobi-Kids était une étude internationale, de grande ampleur, précisément parce que le nombre d’enfants atteints d’une tumeur au cerveau dans un pays donné était insuffisant pour obtenir des résultats significatifs.
  • Les données récoltées ont pu facilement être influencées par les experts en charge de la collecte de données (ces mêmes experts dont on découvre aujourd’hui les conflits d’intérêts.

La science bafouée, nos enfants en danger

Toutes ces zones d’ombres sont hautement problématiques. Et inquiétantes.

Mobi-Kids devait être une étude charnière, supposée dissiper les zones d’ombres. C’était l’étude qui allait nous permettre d’en savoir plus sur les menaces qui pèsent sur nos enfants. Grâce à la méthode scientifique, Mobi-Kids devait être épargnée par les conflits d’intérêts.

Et patatra…

Maintenant que sortent les révélations concernant les 10 conflits d’intérêts parmi les 18 experts en charge de la collecte de données pour l’étude Mobi-Kids, je suis scandalisé !

Comment pouvons-nous faire confiance aux résultats ?

Comment peut-on tolérer que la science soit bafouée, pour servir les intérêts des géants des télécoms, et au détriment de la santé de nos enfants.

Cette étude minée de conflits d’intérêts, infiltrée par des experts payés par les géants de télécoms, est un scandale. Nous ne pouvons pas laisser faire ça aux frais des contribuables européens.

Je réfléchis à lancer une action. Si vous me soutenez et que vous avez des idées sur la manière de formuler cette action, je vous invite à répondre à ce message.

Nos enfants méritent mieux que ça.

Bien à vous,

Greg Previn

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